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lettre d'un agent à notre " cher" ministre

20/10/2013 11:19
Lettre à Monsieur SAPIN, conseiller municipal d'Argenton sur Creuse

M. MICHEL SAPIN
MAIRIE D’ARGENTON SUR CREUSE
69 RUE AUCLERT DESCOTTES
36200 ARGENTON-SUR-CREUSE

Monsieur SAPIN,

Je souhaite par la présente vous alerter sur la situation de souffrance que mes collègues et moi-même ressentons depuis que vous avez engagé la réorganisation des services du ministère du travail.
Vous avez d’abord annoncé subitement un plan de transformation des emplois de contrôleur du travail fondé sur une logique sélective et même discriminatoire. En ne traitant que la situation d’un petit nombre, vous n’avez pas apporté la reconnaissance demandée légitimement par tous les contrôleurs du travail du fait des missions qu’ils exercent.
Cela continue à générer de tristes divisions entre les agents et ce n’est, pour beaucoup, qu’avec amertume que les contrôleurs se sont inscrits dans ce plan, puisqu’ils n’avaient pour autre perspective que d’être intégrés dans une grille statutaire ne répondant pas à leurs attentes.
Puis vous avez annoncé un débat national dans des termes et selon des modalités qui sont loin d’avoir emporté l’adhésion. Bien que les agents aient tenté d’exprimer à cette occasion leurs attentes, préoccupations, inquiétudes, et souffrances, les conclusions que vous en avez tirées ont en grande partie ignoré notre expression.
Pour l’inspection du travail, le schéma était déjà connu à l’avance et il ne traduit qu’une vision pyramidale de nos services émanant d’une minorité de gens manifestement éloignés de nos réalités quotidiennes. Pour les autres, il n’en résulte qu’encore plus d’interrogations sur l’avenir des services et des agents, et même de sérieuses craintes face à une restructuration menée dans un contexte de restrictions budgétaires et de suppressions de postes.
Ce qui domine, alors, c’est le sentiment d’avoir été méprisés et bernés par ce débat qui n’en était pas un.
Aujourd’hui, je ne me retrouve pas du tout dans le schéma de réorganisation des services que vous présentez et vous ne répondez pas à une des questions essentielles que chacun se pose au quotidien : quel sens vais-je pouvoir trouver à mon travail ? Quelles initiatives m’autorise-t-on à garder dans un tel cadre, marqué avant tout par l’instauration d’un lien d’autorité ? De quelles marges de manœuvre vais-je encore disposer pour m’adapter à toutes les situations que je rencontre, notamment dans mes contacts avec les usagers ? Comment arbitrer entre la demande sociale et les pressions mises par mes supérieurs ? Puis-je encore me sentir utile, quand ma propre administration ne s’intéresse plus aux effets concrets de mon travail sur la réalité ?
Je ne vois dans ce que vous annoncez que la mise en œuvre d’un processus destructeur de notre service public et de la santé des agents, comme nous en avons connu dans d’autres grandes entreprises : perte du sens du travail, distorsion entre les prescriptions hiérarchiques et le travail réel, absence de perspectives, individualisation des rapports, mise en concurrence des agents manque de reconnaissance de mon travail et de mon sens des responsabilités,…
Vous êtes ministre, vous êtes un homme politique et à ce titre, j’en appelle à vos valeurs, à la défense d’une vision des services du ministère du travail qui ne se réduise pas à l’approche purement technocratique des hauts fonctionnaires de votre administration.
Je ne peux pas croire que vous souhaitiez voir votre nom associé à une telle réforme.
Je vous demande donc d’écouter les agents, d’entendre leur rejet de ce projet, de ne plus être l’otage de vos conseillers. Un tel projet ne pourra se faire qu’avec les agents, vous l’avez dit vous-même.
Pour les services publics, pour les usagers, pour les agents, je vous en remercie d’avance,

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée